Gustave Caillebotte (1848-1894) a 29 ans lorsqu'il peint ce tableau de grandes dimensions ( 212 x 276 cm ) à l'occasion de la troisième exposition impressionniste en avril 1877. Son point de vue est situé à Paris, sur l'actuelle place de Dublin avec, en remontant à gauche, la rue de Moscou, en face la rue Clapeyron et à droite, derrière le parapluie du personnage principal, la rue de Turin.
Les deux personnages principaux sont un homme en haut de forme et nœud papillon dont une femme élégante tient le bras. Se promènent-ils simplement ou se rendent-ils au spectacle, ce que leur tenue pourrait suggérer ? La pluie, sous un ciel opaque et néanmoins lumineux, fait luire les pavés sur lesquels marchent quelques bourgeois, seuls ou en couple, aux vêtements aussi sombres que leurs parapluies. Le point de vue est audacieux, les lignes de fuite exacerbent l'architecture haussmannienne conquérante. A droite, un homme va croiser le couple, et tout laisse à penser qu'une bataille courtoise de préséance liée aux dimensions des parapluies va avoir lieu.
On retrouve ici l'extrême méticulosité de Caillebotte, aussi bien dans le sens du détail que dans l'exactitude de l'emplacement. Lorsqu'on fait faire aux personnages un saut dans le temps, toutes les proportions sont respectées....
En 1880, Zola écrivait: " Monsieur Caillebotte est un artiste consciencieux dont la facture est un peu sèche, mais qui a le courage des grands efforts et qui cherche avec la résolution la plus virile..."
Dans ses conférences d'histoire de l'art, Fabrice Roy conjugue le passé au présent, dans une évocation poétique et ludique du 19ème siècle français...
