Elle a 25 ans, il en a 36. Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils ont un talent fou. Nous sommes en octobre 1884 à Paris. Ils se voient pour la dernière fois. Jules Bastien Lepage, chancelant, rend une dernière visite à son amie Marie Bashkirtseff, portée sur un sofa par sa cousine Dina. Ils s’aiment d’un amour désespéré, merveilleux, d’une délicatesse inouïe.
Ils vont mourir.
Jules Bastien Lepage (Autoportrait - Musée Bastien Lepage Montmédy) et Marie Bashkirtseff
-Les paysages, c’est pour Jules, disait Marie, mais la rue, c’est pour moi !
Marie Bashkirtseff peint, elle chante, elle écrit un journal dans lequel elle se livre sans pudeur, avec une incroyable ingénuité teintée de violence.
Jules Bastien Lepage connait un succès insolent, au point qu'Émile Zola conseille de ne pas trop l’encenser, sous peine d’en faire un météore qui tombera dans l’oubli.
Ils se regardent, restent des heures dans la pénombre.
Jules dit: « Oh, puissé-je peindre encore! »
Marie répond: « Moi aussi! »
Elle mourra le 31 octobre, suivie de près par Jules, le 10 décembre.
« Marie Bashkirtseff » est une conférence du cycle 19eme siècle de Fabrice Roy.
Dans ses conférences d'histoire de l'art, Fabrice Roy conjugue le passé au présent, dans une évocation poétique et ludique du 19ème siècle français...