La route de Naples de Gustave et Giuseppe
En 1872, Gustave Caillebotte a 24 ans. Il part en Italie, en référence au "Grand Tour", qui faisait de cette destination un must pour l'éducation artistique de la jeunesse des classes aisées. Il se lie d'amitié avec l'artiste italien Giuseppe de Nittis. La même année, il peint "Une route à Naples", l'un de ses tous premiers tableaux.

La qualité et l'originalité de ce tableau, avec sa perspective audacieuse, sa lumière intense qui découpe l'ombre du cheval sur la route que l'on devine baignée de chaleur vers midi, témoignent d'une formation artistique déjà très aboutie. Il s'agit en fait de la réinterprétation d'une toile exécutée la même année par Giuseppe de Nittis, "La route de Naples à Brindisi", exposée au Salon de 1872. Bien qu'aucun personnage n'apparaisse sur cette composition, Caillebotte y fait une référence humoristique à sa présence : un grand chassis de toile blanche dépasse des côtés du chariot, derrière le siège du cocher.

De deux ans l'ainé de Gustave Caillebotte, Giuseppe de Nittis aura une grande influence sur les débuts du peintre français. Ami d'Edgar Degas, il participe en 1874, à l'invitation de ce dernier à la Première exposition des peintres impressionnistes qui se tient dans l'atelier de Nadar, boulevard des Capucines. Après le refus d'une des toiles de Caillebotte au Salon de 1874, De Nittis écrit à sa femme Léontine: " Invite Caillebotte à dîner, qu'il tire de la circonstance une vraie leçon, qu'il fasse de l'art en se fichant des jurys, car l'avenir est à nous."

Trente ans plus tôt, Jean-Baptiste Corot avait déjà capté l'oxymore du jeu subtil et violent de la lumière crue et des couleurs ocre-vert de la campagne italienne, à l'image de son interprétation des environs de Genzano, près de Rome, à l'occasion de son troisième voyage en Italie.
Dans ses conférences d'histoire de l'art, Fabrice Roy conjugue le passé au présent, dans une évocation poétique et ludique du 19ème siècle français...