top of page

Le visage de Zola

Si vos pas vous mènent au musée Granet à Aix-en-Provence, vous pourrez y contempler une toile de Paul Cézanne représentant la tête de son ami Émile Zola. En 1863, les deux amis ont moins de 25 ans. Ils passent énormément de temps ensemble, font de longues visites au Salon des Refusés, ce qui ne plait pas du tout à Monsieur Cézanne père qui voit d'un mauvais œil son fils subir l'influence de Zola. Paul renoncerait donc à prendre sa succession dans la banque qu'il a récemment acquise ? Pour des brosses et de la couleur ?

Zola s'en défend. Il écrit: "J'ai aimé Paul comme un frère, rêvant toujours son bonheur".

Paul Cézanne. Émile Zola. 1862-1864. Musée Granet
Paul Cézanne. Émile Zola. 1862-1864. Musée Granet

Le tableau, de petites dimensions (26 cm de haut par 21 cm de large), se concentre sur la tête de Zola, penchée en avant au milieu de la toile brute. L'écrivain semble absorbé dans ses pensées, muré dans une profonde réflexion. Le nez fin et droit, la lèvre supérieure retroussée, les cheveux coupés court, la barbe bien taillée, les yeux très présents donnent à ce portrait un caractère de vérité sans concession. Au début des années 1860, Zola est à un tournant de sa vie, il entre chez Hachette, il rencontre Lamartine, Renan, Michelet, il fréquente Camille Pissarro et Antoine Guillemet, il développe ses activités de journaliste, il écrit son premier ouvrage "les Contes à Ninon".

Édouard Manet. Emile Zola. 1868.© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski
Édouard Manet. Emile Zola. 1868.© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski

Quelques années plus tard, c'est Édouard Manet qui peint un Émile Zola qui va souvent lui rendre visite dans son atelier. De novembre 1867 à février 1868, Zola pose pour Manet dans son cabinet de travail, rue de Moncey. Exposé au Salon de 1868, l'œuvre s'attire des appréciations contrastées. Le Petit Journal qualifie Manet de "chef de l'école du laid", cependant que La Presse rend hommage à la "puissance peu commune du tableau". On y retrouve, accrochée au mur, une réduction de l'Olympia dont la tête a été ré-orientée pour regarder Zola. On retrouve également le livre que ce dernier avait rédigé pour défendre avec courage un Manet conspué.

Jean-François Raffaelli. Portrait de Zola sur la couverture de "l'Assomoir". 1892. Collection d'Edmond de Goncourt. BNF
Jean-François Raffaelli. Portrait de Zola sur la couverture de "l'Assomoir". 1892. Collection d'Edmond de Goncourt. BNF

Peintre, sculpteur, écrivain, Jean-François Rafaelli, peintre naturaliste par excellence, était très lié avec Émile Zola, Alphonse Daudet, Edmond de Goncourt. Ce dernier collectionnait dans le grenier où il recevait ses amis, un exemplaire de chacun de leurs livres qu'il avait préféré, illustré par un artiste de son choix. C'est ainsi qu'en 1892, Raffaelli peint sur la couverture de "l'Assommoir", le portrait d'un Zola dans sa maturité, grave et fatigué.


Dans ses conférences d'histoire de l'art, Fabrice Roy conjugue le passé au présent, dans une évocation poétique et ludique du 19ème siècle français...



bottom of page