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Les oubliés: Zacharie Astruc

Dans la série des oubliés de la première exposition des peintres de la Société Anonyme Coopérative des Peintres, Sculpteurs et Graveurs en 1874, ce sixième article évoque Zacharie Astruc (1833-1907). Ce dernier n'y présentera pas moins de 6 peintures à l'huile et 8 aquarelles dont 6 étaient regroupées dans le même cadre.

Sculpteur, peintre, compositeur aux multiples talents, critique et journaliste, Zacharie Astruc ne cessera de défendre ses amis impressionnistes pour lesquels il lui arrive de poser. Édouard Manet le représentera dans sa "Musique aux Tuileries" et l'un des derniers tableaux de Frédéric Bazille est un portrait de son "ami Astruc".

Édouard Manet. Zacharie Astruc. 1864. Kunsthalle Bremen
Édouard Manet. Zacharie Astruc. 1864. Kunsthalle Bremen

Originaire d'Angers, Zacharie Astruc débute comme journaliste à l'Echo du Nord. Il monte à Paris et figure parmi les premiers défenseurs de l'art d'Édouard Manet. En 1860, Astruc écrira, d'une façon prémonitoire: " L'avenir appartient donc tout entier à la nouvelle génération. Celle-ci aime la vérité et lui consacre toute sa flamme".

Il se fait d'innombrables amis, qu'il n'a de cesse de mettre en relation. C'est par son intermédiaire que Claude Monet et Émile Zola rencontrent Édouard Manet.

Sur le portrait de son ami peint par ce dernier, Zacharie Astruc apparaît avec un regard lointain, la main droite posée sur son cœur, signe d'honnêteté. Derrière lui, ce qui semble être un tableau dans le tableau, à moins que ce ne soit une glace (mais alors où est le reflet des livres ?) accentue la sensation d'étrangeté dégagée par cette œuvre en nous installant dans un autre niveau de réalité. Madame Astruc, qui y est représentée, refusera la toile.

Zacharie Astruc. Le marchand de masques. Bronze. 1883. Paris. Jardin du Luxembourg
Zacharie Astruc. Le marchand de masques. Bronze. 1883. Paris. Jardin du Luxembourg

Poète, critique d'art, Zacharie Astruc est aussi un remarquable sculpteur. Il expose en 1876 un buste de Barbey d'Aurevilly et en 1881 un buste de Manet, auquel il voulut enchâsser des yeux d'émeraude, ce que Manet refusa.

Deux ans plus tard, il sculpte de "Marchand de masques". Sur le socle de cette statue atypique, on distingue les masques de Corot, Dumas, Berlioz, Carpeaux, Faure, Delacroix, Balzac et Barbey d'Aurevilly. Le marchand tient de la main gauche le masque de Victor Hugo. Trois autres masques qui étaient suspendus au poignet droit ont disparu : ceux de Gambetta, Gounod et de Théodore de Banville.

Zacharie Astruc. Scène de rue à Cuenca. 1873. Musée des Beaux Arts de Pau
Zacharie Astruc. Scène de rue à Cuenca. 1873. Musée des Beaux Arts de Pau

Grand spécialiste de l'Espagne, c'est Zacharie Astruc qui préparera le voyage qu'y fera Manet en 1865. De même, il guidera dans Madrid Berthe Morisot et sa sœur Yves en 1872.

Sa "Scène de rue à Cuenca" représente un petit mendiant, dont le visage fardé comme celui d'un acteur du théâtre Nô, fixe le spectateur dans une attitude empreinte de fierté.

Zacharie Astruc. Intérieur parisien. 1874. Musée dArt, d'Archéologie et d'Histoire Evreux.
Zacharie Astruc. Intérieur parisien. 1874. Musée dArt, d'Archéologie et d'Histoire Evreux.

Fidèle du groupe des Batignolles, Zacharie Astruc assumera avec courage ses critiques élogieuses des œuvres de ses amis. A propos du salon des refusés de 1863, il écrira: "Il faut être deux fois robuste pour se tenir droit sous l'orage des sots qui pleuvent ici par milliers...".

Original et éclectique , il s'éteindra à Paris, le 24 mai 1907.


Dans ses conférences d'histoire de l'art, Fabrice Roy conjugue le passé au présent, dans une évocation poétique et ludique du 19ème siècle français...



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