Albert Edelfelt, Peder Krøyer, Joaquin Sorolla, Edmund Charles Tarbell,.. ce ne sont que quelques exemples de peintres du 19ème siècle qui ont voulu et su capter les scènes de plage. La plupart d'entre-elles représentent des enfants sont les corps souvent nus se découpent sur le bleu intense de la mer dans l'innocence de leurs jeux. Pour nombre d'entre-eux, ces artistes se connaissaient. Edelfelt a fait plusieurs séjours à Valence et a copié des tableaux de Sorolla, qui lui-même a été influencé par Krøyer.
À tout le moins, ils avaient vu certaines œuvres de leurs contemporains à l'occasion, notamment, des expositions universelles, comme celles de 1889 et de 1900.
Proches du style de Manet et du naturalisme de Jules Bastien-Lepage dont Krøyer a visité l'exposition posthume de 1885, ces peintres ont livré des toiles étonnamment ressemblantes dans leur composition, leur approche des couleurs franches et de la lumière intense.
Partons à leur découverte...
Dans ce tableau de l'espagnol Joaquin Sorolla (1863-1923), en plein soleil, le garçon au premier rang semble contempler l'artiste, en se protégeant les yeux, son reflet ocre porté sur le sable luisant d'une mer qui se retire. Ses compagnons pataugent dans les vagues formées par un vent que l'on devine violent. La gradation des couleurs est franche, bleu strié de marron au premier plan, vert profond et plus clair en contraste, à l'arrière-plan sur lequel un voilier termine la diagonale formée par les enfants de la composition.
Le peintre danois Peder Krøyer (1851-1909) montre à Skagen la vie quotidienne sur la plage, avec des enfants qui jouent et se baignent. Effet de couleurs inverse par rapport au tableau de Sorolla, les nuances de vert sont à la base, et s'élargissent vers les tons de bleu pastel. Comme ligne frontière, Krøyer utilise les éclaboussures provoquées par la course des deux garçons nus dont le mouvement est saisi comme un instantané photographique.
Dans ce tableau de l'américain Edmund Charles Tarbell (1862-1938), c'est toute l'innocence calme d'une jeune fille vêtue d'une robe blanche striée de bleu qui transparait. Nuances de bleu et de blanc reprises dans l'évocation de la mer qui porte de fiers voiliers en contrepoint du modèle réduit délicatement mis à l'eau par l'enfant. C'est l'ocre des terres qui forme l'horizon, avec au loin la présence d'un canal trahie par les voiles des deux bateaux dont on ne voit pas la coque.
Ces jeunes garçons jouant sur la plage sont une œuvre d'Albert Edelfelt (1854-1905). Ce peintre finlandais représente une mer calme au soleil couchant. Trois garçons observent une maquette de bateau, étonnamment similaire à celle peinte plus haut par Tarbell. Si la lumière rasante reste vive, les couleurs s'estompent avec l'arrivée du crépuscule. Les tons ocres et dorés dominent alors que la transparence d'une mer d'huile dégage la forme des rochers.
Dans ses conférences d'histoire de l'art, Fabrice Roy conjugue le passé au présent, dans une évocation poétique et ludique du 19ème siècle français...
