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Prendergast: la liberté du style

On a souvent dit de Maurice Brazil Prendergast (1859-1924) qu'il représentait pour l'art d'Outre-Atlantique une forme de transition entre impressionnisme et post-impressionnisme. Une sorte de Cézanne ou de Gauguin...

Pour cet américain d'origine franco-irlandaise, le foisonnement des références, de Degas à Cézanne et de Seurat à Lautrec, alimente une liberté plastique originale qui le mènera de la légèreté acidulée de ses premières aquarelles aux peintures à l'huile plus austères et plus abstraites de sa fin de carrière.

Paul Cezanne Nature morte aux pommes 1893 – 1894 . The J Paul Getty Museum
Maurice Prendergast. Marée basse à Beachmont. 1900-1905. The Met. Robert Lehman Collection

Grand voyageur, Maurice Prendergast, qui commence sa carrière à Boston, part étudier à Paris aux académies Julian et Colarossi entre 1891 et 1894. Pendant ces années, il côtoie notamment Walter Sieckert et Sommerset Maugham. Il fera plusieurs voyages en Europe où il puisera des éléments de son originalité dans les motifs décoratifs de couleur qu'il trouve dans le travail des Fauves et des Nabis.

Il appartenait au fameux "Groupe des huit" (8 American painters), qui comprenait en outre Robert Henri, chef du groupe, Everett Shinn, John Sloan, Arthur B. Davies, Ernest Lawson, George Luks et William J. Glackens, rejoints ensuite par George Bellows. Réagissant contre une tradition académique et esthétique américaine inféodée à l'esthétique européenne, les membres de The Eight fondent leur propre société artistique dans les quartiers animés de New York et entreprennent de créer une peinture américaine originale.

Samuel Mützner Meules à Giverny 1908
Maurice Prendergast. Venise sous la pluie. 1899.

L'influence japonisante dans l'œuvre de Prendergast est claire, à l'image de cette vue de Venise qu'on ne peut s'empêcher de rapprocher des estampes de Utagawa Toyokuni. Même foule, même pont, même mouvement, de trois quarts arrière pour Prendergast, latéral de droite à gauche pour le japonais.

Samuel Mützner. Printemps à Kyoto. 1915
Utagawa Toyokuni. Foule sur un pont.Museum of Asian Art Corfu, Greece.New Color Photographic Printing Co., Ltd

Et pour faire bonne mesure, le Ponte della Paglia, l'une des premières et des plus délicieuses grandes huiles de Prendergast, qu'il a largement repeinte plusieurs années après son exécution originale et montre le contraste entre ses styles précoce et tardif. Vers la fin de sa vie, il retravaille les personnages et les environs qui étaient au départ extrêmement détaillés, avec de larges coups de brosse et des contours plus pesants, faisant vibrer une lumière uniforme et austère par les taches de couleurs des robes et des ombrelles.

Maurice Prendergast. Plage à Saint Malo. 1907. Carmen Thyssen Collection
Maurice Prendergast. Ponte della Paglia. 1898-1922. The Phillips Collection
Maurice Prendergast. DR
Maurice Prendergast. DR

Duncan Phillips écrivait à propos de Maurice Prendergast: « … il a posé des touches de couleur rondes, les unes sur les autres, laissant transparaître les sous-couleurs. Ainsi il fit scintiller ses tons et sa tapisserie non pas un textile plat, mais un monde d'espace incandescent….





Dans ses conférences d'histoire de l'art, Fabrice Roy conjugue le passé au présent, dans une évocation poétique et ludique du 19ème siècle français...



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