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Sur les boulevards...

Balzac en décrit l'histoire et la physiologie, le Bel-ami de Maupassant y déambule en quête de plaisirs. Depuis les Capucines jusqu'aux Italiens et le café Riche, Renée et Maxime les arpentent en calèche dans la Curée de Zola. Les grands boulevards sont le lieu privilégié de détente des parisiens de toutes conditions. Les rupins y côtoient les classes populaires dans une mise en scène permanente où les identités se brouillent et l'espace public se théâtralise.

Monet, Pissarro, Béraud les ont peints, dans cette deuxième partie du 19ème siècle où ils foisonnaient de théâtres, de restaurants, de cafés, à la lueur des becs de gaz allumés à Paris par 1500 allumeurs de lanternes.

C'est un tableau d'Abel Truchet (1857-1918) qui illustrera dans cet article nos boulevards parisiens.

Abel Truchet. Sur les boulevards. 1895. Musée Carnavalet, don de Madame Seligmann.
Abel Truchet. Sur les boulevards. 1895. Musée Carnavalet, don de Madame Seligmann.

Élève de Benjamin Constant et de Jules Lefebvre à l'académie Julian à Paris, Abel Truchet peint de nombreuses scènes de la vie parisienne, ainsi que des paysages et des affiches.

En 1907, il fonde la société des humoristes avec Louis Vallée.

Pendant la première guerre mondiale, il dirige l'atelier central de la section de camouflage de l'armée de terre. Blessé peu avant la fin des hostilités, il meurt à Auxerre le 9 septembre 1918.

Dans cette toile de 1895 exposée au Musée Carnavalet, à Paris, une élégante est assise de dos cependant qu'un jeune garçon lui propose des fleurs sous le regard d'un bourgeois à la barbe poivre et sel. Sur la gauche, un serveur ventripotent semble prendre une commande. Toutes les attitudes sont figées à l'exception de la jeune femme qui se presse sur la droite, en portant un large carton à chapeaux. A l'arrière, un fiacre attend le client et un omnibus à impériale arrive à grande vitesse. Le quadrilatère formé par les quatre personnages principaux dont aucun ne regarde l'autre laisse une impression de coexistence quasi indifférente qui contraste avec l'arrière plan à la circulation bruissante. Le vide laissé à droite par Truchet semble inviter le spectateur à entrer dans le tableau et, pourquoi pas, à contempler la bicyclette qui semble tenir debout toute seule derrière l'arbre protégé par sa grille.

Dans ses conférences d'histoire de l'art, Fabrice Roy conjugue le passé au présent, dans une évocation poétique et ludique du 19ème siècle français...



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