Normandie Impressionniste. Première étape: Vétheuil
Le 12 mai prochain, les participants au voyage "Normandie Impressionniste" feront une première halte à Vétheuil,
Il y a 145 ans, en août 1878, Claude Monet, son épouse Camille, leurs deux enfants Jean et Michel âgés de 11 ans et 5 mois s'installent dans une maison située à la sortie de ce bourg de 600 habitants, sur la route de la Roche-Guyon.
Ils ne sont pas seuls. Acculé par la faillite et la dispersion de ses biens, un des premiers mécènes de Monet, Ernest Hoschedé, son épouse Alice et leurs 6 enfants les rejoignent.
Ce sont donc 4 adultes, 8 enfants, sans compter le personnel dont on ne parvient pas à se passer, qui vont partager pendant 3 ans cette modeste maison et son jardin.

Une fois installé, Monet travaille sans relâche. Le climat est rude, l'hiver 1878 est un des plus rigoureux.
Camille tombe malade, les tableaux de Monet se vendent mal ou pas du tout. Le peintre est tributaire de ses amis, au premier rang desquels Gustave Caillebotte qui lui accorde une avance de 1000 francs en juillet 1879 et paye le terme du pied à terre que Monet avait conservé à Paris, rue de Vintimille. Le doute s'installe. Et si Monet avait atteint son maximum ? Si sa créativité s'était asséchée ?
Émile Zola écrit à l'époque: " Monsieur Monet a trop cédé à sa facilité de production. Bien des ébauches sont sorties de son atelier dans les heures difficiles et cela ne vaut rien, cela pousse un peintre sur la pente de la pacotille..."
Le 5 septembre 1879, Camille meurt. Monet est en plein désarroi. Il peint dans son atelier, L'hiver suivant, il fait un froid de loup, les créanciers assiègent la maison.

Si Ernest Hoschedé se démène à Paris pour trouver un emploi, il tente également de placer les tableaux de Monet. Ce dernier se rend régulièrement dans la capitale par la gare de Mantes, qu'il rejoint en empruntant la charrette du père Papavoine. Les saisons se succèdent, Alice Hoschedé et Claude Monet ont développé une complicité amoureuse qui ne trompe plus personne.

Les années que Claude Monet a passées à Vétheuil sont parmi les plus difficiles, mais aussi les plus prolifiques de sa vie d'homme et de peintre. Il y a peint pas moins de 200 toiles, il a perdu Camille, trouvé Alice, dépassé ses doutes, affirmé son caractère et sa résilience.

Sur ce tableau, on peut voir le petit Michel Monet près d'une brouette, au milieu de fleurs héliotropes. Jean-Pierre Hoschedé, qui a un an de plus que lui, se tient en arrière-plan auprès de sa mère Alice. Camille est morte depuis un an. Une nouvelle page va bientôt se tourner avec l'installation de Claude, d'Alice et des enfants à Poissy en 1881 puis à Giverny à partir de 1883.
À suivre... sur les traces de Monet et de ses amis impressionnistes.
Dans ses conférences d'histoire de l'art, Fabrice Roy conjugue le passé au présent, dans une évocation poétique et ludique du 19ème siècle français...