Le baiser de Carolus
Inspiré par Gustave Courbet, ami d'Édouard Manet, Charles Durand, dit Carolus (1827-1917) fait partie des jeunes artistes qui suivent ce dernier l'année du Salon des refusés, en 1863 et se réclament du réalisme. Conservé au musée des Beaux-Arts de Lille, "le baiser" témoigne de la maîtrise du peintre à conjuguer l'audace et la pudeur.

Cette scène, d'une grande sensualité, représente Carolus Durand lui-même, embrassant sa jeune et belle épouse Pauline Croizette. Le contraste assumé entre le fond noir et la clarté brute irradiant les deux amants met en lumière la passion amoureuse, soulignée par le rouge de l'étole.

La ressemblance du personnage masculin avec l'autoportrait que l'artiste a réalisé sept ans auparavant " l'homme endormi " est flagrante.

Carolus Durand peindra à nouveau son épouse un an plus tard, au retour d'un voyage en Espagne. Il aura trois enfants avec Pauline Croizette, elle-même pastelliste et miniaturiste. L'une de leurs filles épousera l'auteur dramatique Georges Feydeau.

Couvert d'honneurs, membre de l'Institut en 1904, directeur de l'académie de Rome l'année suivante, Carolus Durand est un des rares amis qu'Édouard Manet tutoie. Sa notoriété, ses réceptions, son magnifique atelier plaisent particulièrement aux femmes de la haute société. Ainsi que l'écrivait Octave Mirbeau en 1892: " Carolus ne peint pas les femmes, il les tapisse, il ne les habille pas, il les tend".
Quand Carolus Durand s'éloignait de la peinture convenue des portraits où il excellait, il savait faire preuve d'une grande liberté technique où perçait l'influence de l'impressionnisme.
Dans ses conférences d'histoire de l'art, Fabrice Roy conjugue le passé au présent, dans une évocation poétique et ludique du 19ème siècle français...