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Les asperges de Charles

En 1880, l'historien, critique d'art et collectionneur Charles Ephrussi commande à Édouard Manet une nature morte aux asperges pour la somme de 800 francs. Manet s'exécute et livre une toile d'un réalisme si puissant qu'Ephrussi, ravi, lui verse 200 francs supplémentaires, soit 1000 francs pour l'œuvre...

Telemaco Signorini. Le Pont de Waverley à Edinburgh. 1881.
Edouard Manet. Botte d'asperges. 1880. Musée Wallraf-Richartz

Signé en bas à gauche d'un simple "manet" en écriture cursive, le tableau représente une botte d'une trentaine d'asperges posée sur un lit de verdure. Le fond noir fait ressortir les tons de beige et de violet des légumineuses dont l'ordonnancement contraste avec le vrac des feuilles sur lesquelles elles sont posées. La texture des asperges est remarquablement rendue dans son caractère à la fois tendre et fibreux. La source de lumière diffuse et l'absence d'ombre donne à cette nature morte une allure irréelle, démentie par le rendu quasi anatomique du sujet.

Claude Monet. Nature Morte à la théière. Détail
Édouard Manet. Une asperge. 1880. Musée d'Orsay

Quelle ne fut pas la surprise de Charles Ephrussi, lorsqu'il reçut, huit jours plus tard, un deuxième envoi d'Édouard Manet: il s'agissait d'un tout petit tableau ( 16cmx20cm) représentant une seule asperge posée à même la table veinée de marbre. Signée d'un M négligemment tracé en haut à droite, la toile était accompagnée d'un mot rédigé en ces termes: " Je crois que celle-ci a glissé de la botte..." .


Dans ses conférences d'histoire de l'art, Fabrice Roy conjugue le passé au présent, dans une évocation poétique et ludique du 19ème siècle français...



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