Il est né à Lausanne en 1865.
Félix Vallotton, ancien élève de l'académie Julian et de l'école des Beaux-Arts de Paris, a été l'observateur facétieux de la vie bourgeoise de la belle époque avant de traverser la grande guerre dans toute sa consternante désolation. Peintre talentueux de l'indolence féminine captée au hasard des scènes de bain, il dénoncera en permanence l'hypocrisie d'une certaine société, aux frontières du vaudeville, des alcôves, des claquement de portes et des scènes de rue.
Mais il serait trop facile de réduire ce touche à tout, exceptionnel graveur, à la simple contemplation des mœurs de son temps. Félix Vallotton a apporté à la technique picturale une approche originale par l'usage des contrastes où l'ombre et la lumière s'épousent dans l'intimité de la couleur...
Morceaux choisis de ce peintre d'exception, trop peu connu.
Sous un ciel déchiré d'un éclair bleu dont la couleur reflète celle de la plage et non de la mer, traitée en tons vert sombre, un petit groupe nous tourne le dos, figé dans une attitude d'ennui contemplatif. L'écume des vagues se dépose comme une bande uniforme devant les personnages penchés vers la gauche, dans le sens de la diagonale qui coupe le tableau et contraste avec la ligne d'horizon.
Passage sacrilège du seuil de la chambre à coucher... le couple, entrainé par la force de l'étreinte, s'apprête à plonger dans l'univers rouge et incandescent de l'ivresse subie, sous le regard de Vallotton lui-même, dont le buste trône sur la cheminée, sous un tableau de Vuillard.
Comme un laser qui en découperait le feuillage, le soleil révèle, dans la douce crudité de ce rayon, le tronc des arbres d'un sous-bois. Une petite maison se cache en arrière-plan derrière une barrière de bois. Les couleurs, grisées par l'obscurité, se révèlent sur le trajet de la lumière avec les tons ocre et rouge de l'incendie du couchant...
Dans ses conférences d'histoire de l'art, Fabrice Roy conjugue le passé au présent, dans une évocation poétique et ludique du 19ème siècle français...
