Peint sur une toile abandonnée par Renoir, l'atelier de la rue de la Condamine est un tableau de Frédéric Bazille, peint quelques mois avant sa mort à la bataille de Beaune-la-Rolande, en Novembre 1870. Dans cette pièce lumineuse et haute de plafond, telle une cathédrale dédiée à toutes les formes d'art, se côtoient la peinture, la musique et la littérature.
Perché sur la rampe, Émile Zola discute avec Auguste Renoir. Edmond Maître joue du piano. Debout de trois-quarts devant son chevalet, le grand Frédéric Bazille, peint à cette occasion par Edouard Manet, s'entretient avec ce dernier, coiffé d'un chapeau noir et la canne à l'épaule. A l'arrière, Claude Monet semble indiquer un détail sur la toile.
Au mur, à côté de la verrière qui découvre les toits de Paris, Bazille a peint les baigneuses de Renoir, refusées au Salon de 1866, au dessus d'un tableau encore inachevé (la Toilette) destiné au salon de 1870.
On retrouve tous ces personnages sur le tableau d'Henri Fantin-Latour, peint la même année. Autour de Manet, assis devant son chevalet, l'artiste met en scène au fond à droite Monet, puis Bazille, aisément reconnaissable à sa taille, les mains dans le dos, Edmond Maître, Zola qui tient son lorgnon à la main, et Renoir avec son chapeau. Nouveau venu, Otto Scholderer, peintre d'origine prussienne, derrière Manet, à l'écart.
Sur les huit personnages, seuls quatre contemplent le tableau. Manet, manifestement en train de peindre, ne regarde pas ce qu'il fait, comme si Fantin-Latour venait de l'interpeller. On ne peut s'empêcher de comparer cette attitude avec celle de l'autoportrait de Gustave Caillebotte, réalisé dix ans plus tard.
Dans ses conférences d'histoire de l'art, Fabrice Roy conjugue le passé au présent, dans une évocation poétique et ludique du 19ème siècle français...
